La Cité Des Roses - Roman

Le 23/04/2023

Ultime roman de Feraoun demeuré à l’état de manuscrit. Il s’agit d’une histoire d’amour extra conjugale brève entre un directeur d’école et une institutrice française. Le récit fait allusion à la situation tendue en Algérie vers la fin de la colonisation française. Les trois principaux personnages symbolisent respectivement trois peuples distincts.

 

Couverture lacitedesroses

   Une histoire d’amour extra conjugale brève entre un directeur d’école et une institutrice française. L’homme est un Algérien Kabyle d’environ 45 ans ayant de longues années d’expérience. Il dirige depuis la rentrée 1957 une école nommée la cité des Roses située dans un bidonville d’Alger, au sein de laquelle tous les professeurs sont français mis à part lui.

   La femme française est une enseignante auxiliaire sans expérience, nouvellement venue de la métropole. Leur amour impossible se déroule en tatonnant et très maladroitement avant qu’elle ne reparte définitivment en France au début de 1959.

   Le récit fait allusion de façon très évidente à la situation sociale tendue en Algérie vers la fin de la colonisation française. Le directeur, Françoise et M.G symbolisent respectivement trois peuples distincts.

 

 

 

 

Livres Disponibles à la commande     ICI

Jose lenzini

José LENZINI, Journaliste, écrivain

« Il ne fait pas de doute que dans ce roman, FERAOUN sortait résolument
de ses romans «ethnographiques» pour se livrer à une dénonciation franche
et directe des dérives de la colonisation, des ambiguïtés de la guerre, de
l’inextricable jeu de dupes dans lequel le pays s’enfonçait  »

Pat geesey 1 1

Patricia GEESEY, Professeur University Of Florida

« Dépeindre ses compatriotes exactement tels qu’ils étaient à cette époque,de manière humaniste, est en soi une forme de protestation contre le statut quo politique et économique de l’Algérie sous l’oppression coloniale  »

Phillip naylor profile

Dr. Phillip C. Naylor

Professeur University Of Illinois, Chicago

« Mouloud FERAOUN était un homme dont le dévouement et la dignité
transcendaient l’atrocité et l’absurdité de son époque  »

 

 

 

 

 

 

Mouloud feraoun 1 3575611977

 

Extrait

 

" ...

Et, le buste en avant, dans la cabine, près du chauffeur, il croisa les bras sur la poitrine comme un élève bien sage. Voilà comment il boucla vingt cinq années de bons et loyaux services, dans un pays qu’il aimait par toutes les fibres de ses entrailles ! Il fallait faire bonne figure à cause de la femme et des enfants.

La femme et les enfants, c’était bien son souci constant, on pourrait dire son remord. Il en était lourdement embarrassé et eût voulu être seul pour jouer un rôle. N’importe lequel. Il les méprisait un peu d’être là, de le guider au lieu qu’il les guide, de le sauver au lieu qu’il les sauve, de l’aimer au lieu qu’il les aime.

Quand le petit capitaine qui sentait la charogne, lui serra un jour la gorge pour l’étrangler, s’il faillit étouffer sans esquisser un geste de défense, c’était uniquement à cause de la femme et des enfants. Mais cet autre jour où l’adjudant lui cracha à la figure et que l’instituteur appliqua son poing sur le nez osseux du militaire, c’était à cause du capitaine. La femme et les enfants, il y pensa après. Le capitaine se tenait derrière lui, l’adjudant devant. Celui-ci cracha spontanément parce que l’instituteur mentait. Il avait peut-être raison de mentir. C’est pourquoi le capitaine admit le coup de poing et entraîna son subordonné en souriant discrètement. Mais c’était tout de même dommage d’avoir offensé un gradé alors qu’on était civil et du camp ennemi. Ce jour-là, le capitaine avait cessé de sentir la charogne. Il était devenu gentil. Mais le sous-officier avait pris l’aspect d’un terrible épouvantail et l’instituteur s’était mis lui-même à sentir la charogne. Du moins, il le croyait.

Il se disait tout le temps : "Celui-là ? Il va me tirer dessus. Ses soldats vont me traîner sur le terrain vague où on jette les ordures. Puis il ira raconter que les fellaghas m’ont descendu. Alors les gens du village trouveront trente six motifs pour expliquer la condamnation des fellaghas et le capitaine qui est devenu gentil en profitera néanmoins pour f… à la rue ma femme et mes enfants. Il pourra attribuer mon logement au collègue."

Tout ceci, une histoire entre cent, pour dire qu’il n’était pas agréable d’avoir une femme et des enfants qui vous servent constamment d’alibi et dont la bonne étoile constamment vous sauve du péril. Car, c’est leur bonne étoile, n’est-ce pas, qui a fait muter l’adjudant ?

C’est aussi la même bonne étoile qui l’a protégé lorsque d’autres fellaghas ont arrêté l’autocar en un lieu désert pour en contrôler le contenu. Ce coup là, ils n’y ont trouvé que Hacène, le garde-champêtre. Tous les autres ne les intéressaient guère. Ils ont abattu Hacène dans le car pendant que les voyageurs tremblaient sur la route goudronnée. Mais avant de tuer Hacène, ils ont assommé l’instituteur d’un coup de crosse. Un seul coup sur le crâne. "

- Donne-lui, avait crié le chef ! Et le jeune homme très irrité lui a donné. Simplement parce que lui, l’instituteur, croyait pouvoir expliquer. Dire, par exemple, que le garde-champêtre était une mauvaise langue mais qu’il avait huit enfants. Il a gagné un coup de crosse et il n’a rien pu expliquer. Contrairement à son habitude.

Livres Disponibles à la commande   ICI

×